L’alopécie de traction est une perte de cheveux qui ne correspond pas à une pathologie mais résulte de contraintes purement mécaniques et répétitives sur certaines zones du cuir chevelu. Il s’agit dans la plupart des cas du type de coiffure (chignon, queue de cheval, tresses…) mais les caractéristiques histologiques et biochimiques des cheveux « afros » expliquent aussi qu’ils soient plus souvent touchés. Le diagnostic initial est essentiel pour prendre les mesures adéquates le plus rapidement possible, et, dans certains cas, seule une greffe capillaire constitue la solution au problème.
Définition de l’alopécie de traction
De nombreuses formes d’alopécies sont pathologiques. Elles peuvent être dues à des infections, une hypersensibilité aux hormones mâles, des troubles auto-immunes etc. A l’inverse, l’alopécie de traction n’est pas une maladie. Elle est le plus souvent directement liée à des habitudes de coiffage qui exercent sur la chevelure et les follicules pileux des contraintes mécaniques trop importantes et qui finissent par engendrer la chute des cheveux. Il s’agit donc d’une alopécie traumatique qui, à terme, peut devenir cicatricielle, lorsque les follicules pileux sont définitivement détruits. Le terme « biphasique » est alors souvent utilisé, pour décrire une alopécie non cicatricielle qui le devient secondairement.
L’alopécie de traction a été décrite pour la première fois en 1907, par le docteur Trebitsch, dermatologue autrichien qui voyageait au Groenland et l’a rapportée chez les femmes locales portant une queue de cheval. Plus tard, en 1931, au Japon, Aramaki fait lui aussi le lien entre un type de coiffure traditionnelle et l’apparition de l’alopécie chez certains sujets. A la même époque, en Europe continentale, apparaît l’expression « alopécie du chignon ».
Causes de l’alopécie de traction
Généralités
Ce sont principalement certains types de coiffures qui sont à l’origine de l’alopécie de traction, en endommageant les racines capillaires de manière répétitive et prolongée. Il peut notamment s’agir des chignons, des queues de cheval, des couettes, des nattes ou des tresses à 2 ou 3 brins. Les dreadlocks ou les sisterlocks, leur version plus fine, sont aussi souvent incriminées, de même que certaines formes d’extensions capillaires qui alourdissent la chevelure.
Certains dispositifs de maintien des cheveux peuvent aussi entraîner l’apparition d’une alopécie de traction (bigoudis, pinces, bandeaux, foulards…), tout comme l’utilisation de fer à lisser ou de défrisants chimiques.
Alopécie de traction : aspect ethnique
Sans être l’apanage de certaines ethnies, l’alopécie de traction est néanmoins très souvent observée chez les femmes d’origine africaine, afro-caribéenne ou afro-américaine. Cela tient bien sûr en l’utilisation répandue, dans cette portion de la population, de coiffures trop exigeantes, trop lourdes, pour les follicules pileux. Certaines mesures esthétiques viennent aussi s’ajouter aux causes potentielles de l’alopécie de traction, comme le lissage ou le défrisage fréquent des cheveux, par utilisation de produits chimiques agressifs (hydroxyde de
sodium, hydroxyde de guanidine, graisses minérales telle que la vaseline etc.
Outre ces différents aspects, la structure même des cheveux « afros » est aussi un point à souligner. Ils sont en effet généralement plus fragiles que les cheveux européens ou asiatiques et nécessitent un taux d’humidité conséquent. Cette fragilité accrue est notamment liée à des particularités histologiques et biochimiques.
Symptômes de l’alopécie de traction
La calvitie par traction est un dégarnissement progressif du cuir chevelu. A ses premiers stades, ce type d’alopécie se caractérise par une petite chute de cheveux, de légères irritations et une inflammation peu importante du cuir chevelu sur les zones impactées. Plus tard, si rien n’est fait pour résoudre le problème, l’alopécie s’étend, souvent marquée sur la ligne frontale qui peut parfois reculer de plus de 10 cm. De plus, cette traction excessive peut induire l’apparition d’une folliculite douloureuse ou encore provoquer des infections au staphylocoque doré (Staphylococcus aureus). A terme, les follicules pileux peuvent être irrémédiablement détruits, interdisant toute repousse future sur les zones dégarnies. La localisation de celles-ci dépend du type de coiffure. Néanmoins, il s’agit fréquemment de la zone frontale médiane, les zones temporales et les parties latérales.
Diagnostic
Dès les premiers signes, il convient de consulter un spécialiste. Paradoxalement, le diagnostic de l’alopécie de traction n’est pas toujours évident. En effet, la patiente se présente rarement à la consultation en portant la coiffure responsable. Elle a souvent les cheveux lâchés, pour faciliter l’examen médical. Par ailleurs, rares sont les sujets qui font le lien entre leurs habitudes de coiffage et la chute de cheveux observée. L’entretien avec le praticien est donc essentiel, pour établir un lien de cause à effet.
Le diagnostic initial est essentiel, pour écarter d’autres causes potentielles d’alopécie qui ne nécessiteraient pas la même prise en charge. Il est avant tout clinique, reposant sur une observation fine des zones atteintes par la calvitie. Parfois, la présence de gaines coulissantes péripilaires aide le médecin à identifier la cause du mal. Il s’agit de cylindres blancs ou grisâtres, qui mesurent de 3 à 7 millimètres et entourent les cheveux, mobilisables le long de la tige pilaire. Ils apparaissent sur les zones de traction maximale.
Une fois l’alopécie de traction confirmée, il importe aussi de savoir s’il elle a déjà atteint un stade cicatriciel, avec disparition définitive des follicules pileux sur certaines parties du cuir chevelu. Pour cela, il peut parfois s’avérer nécessaire de procéder à une biopsie, examen indolore réalisé sous anesthésie locale, qui consiste à prélever un fragment de tissus pour ensuite l’observer au microscope. Le but est alors d’étudier le nombre et la structure des follicules pileux.
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Alopécie de traction : traitements
En premier lieu, il importe de modifier au plus vite les habitudes de coiffage qui ont induit l’apparition de l’alopécie de traction. Les coiffures trop serrées ou trop lourdes sont à éviter, de même que les lissages ou les défrisages trop fréquents. Ces premières mesures suffisent parfois pour que les follicules pileux récupèrent, redeviennent vivaces, et soient de nouveau à même d’assurer la pousse des cheveux.
Il est aussi essentiel de nourrir et d’hydrater le cuir chevelu, par utilisation de lotions appropriées et/ou d’huiles essentielles, ces produits ne devant être utilisés que sur avis du médecin. Ce traitement doit bien sûr s’adresser aux zones touchées par l’alopécie mais aussi aux régions encore saines, à titre préventif.
Cependant, si les follicules pileux ont été irrémédiablement détruits, la repousse n’est plus possible. Différentes solutions existent alors, plus ou moins adaptées selon les cas. Parfois, la dermopigmentation peut s’avérer suffisante, pour visuellement augmenter la densité de la chevelure sur les régions touchées. Le port d’une prothèse capillaire constitue aussi une solution envisageable.
Néanmoins, la greffe capillaire reste la solution phare dans le traitement d’une alopécie de traction devenue cicatricielle. Selon l’étendue de la calvitie observée, il peut alors s’agir de pratiquer une greffe FUE (« Follicular Unit Extraction ») ou FUT (« Follicular Unit Transplatation »).
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